Terroir - Histoire de Moyeuvre Petite

HISTOIRE DE MOYEUVRE PETITE

Extrait de la collection LE GRAND SENTIER DE FRANCE

Avec l’aimable autorisation de Monsieur Serge LAURENT, fondateur du G.S.F. et directeur de la rédaction

La Gaule mérovingienne – la France seigneuriale

871- Ce petit village connu sous le nom de Modover Inférior, encerclé de profondes forêts et enraciné dans le minerai de fer de son sol possède une histoire très ancienne remontant à l’occupation romaine. Comme beaucoup de communes lorraines, il a vécu dans la mouvance des duchés, comtés, évêchés, grandes abbayes qui se sont disputés le pouvoir dans les Marches de l’Est et subi les grands évènements bénéfiques ou dévastateurs qui ont ponctué la Royauté, la Révolution et l’Empire.

Selon les archives du monastère de Saint-Pierremont, il existait, avant l’an 1184, en tant que cense annexée, une chapelle dédiée à Saint-Pierre-aux-liens desservie par les religieux de cet établissement qui y assureront leur service jusqu’en 1641.

1270 – Le conte de Bar acquiert des forges à Moyeuvre.

1325 – La première forge hydraulique connue en France est installée sur le modèle des petites forges catalanes.

1362– 11 mai – Werrion Cotterel de Domery, écuyer, vend à l’abbaye de Saint-Pierremont tous ses biens de Moyeuvre-Petite notamment sa part du four et du moulin, ses terres et une écuelle de poissons pour le carême. L’abbaye achètera également à Waleram Dolées des rentes sur les terres dites « Corbas », une ferme sise au nord-est du village.

1490– 5 mars – Moyeuvre est investie et saccagée par deux cents chevaux et quatre cents hommes à pied.

La Renaissance, l’Age classique et le Siècle des Lumières

1550– Jean Pierron construit sa propre forge sur le ruisseau du Conroy. Sa famille par Louis Pierron de Bettainvillers, marié à Marguerite, fille de François Simon, eût un rôle prépondérant à Rombas.

1576– La peste sévit à Moyeuvre.

1600– Le hameau de Moyeuvre Petite possède une chapelle. Ce petit édicule de 12 mètres sur 7 appartenait au comte de Mercy d’Argenteau et avait comme titulaire Saint-Pierre-aux-liens. Les vicaires de la chapelle des forges de Moyeuvre-Grande, dont elle était l’annexe, y disaient parfois la messe.

1605– Louis de Bettainvillers construit le Moulin de Pérotin sur le Ruisseau du Conroy.

1683– 27 janvier – Jean de Bettainvillers, seigneur de Moyeuvre, accorde par testament rédigé chez Maître Pochon, notaire à Rombas, une somme de cent francs aux religieux de la Chapelle-aux-Bois et cinquante francs à la chapelle de la Petite-Moyeuvre pour l’entretien de celle-ci.

1700– Le village de Moyeuvre Petite compte 32 habitants

La Révolution – Premier et Second Empires

1792– La loi du 20 septembre de cette année détache la commune de Moyeuvre-Petite à celle de Moyeuvre-Grande.

Décembre – le premier registre d’état civil du village est ouvert par Etienne Lepape, premier maire élu.

1811– 19 mars – la commune est réunie de nouveau à Moyeuvre Grande par décret Impérial.

1823– 1er août – un arrêté ministériel autorise la fusion des concessions « de Wendel » de Moyeuvre-Grande et Moyeuvre-Petite en une seule dénommée « de Wendel »

1826– 28 avril – le conseil communal décide la reconstruction de la chapelle de Moyeuvre-Petite et l’édification d’un petit local, à côté de celle-ci, afin d’y loger le vicaire. La somme dépensée se monte à 850 francs laquelle sera financée par la vente de bois communaux.

1827-Sans doute motivée par le projet de reconstruction de la chapelle, les habitants de Moyeuvre-Petite obtiennent l’autorisation d’exploitation d’une carrière de pierre sur le territoire communal.

1833– 12 avril -la séparation des communes de Moyeuvre-Grande et Moyeuvre-Petite est notifiée par Ordonnance Royale.

1837– 11 mai – un procès-verbal émanant du conseil municipal fait état de la décision du maire, Nicolas Dubois, d’acquérir la chapelle, le cimetière et le jardin attenant pour la somme de 700 francs au lieu de 1700 francs notarié en la rachetant au curé Lefèvre qui l’avait obtenue en son nom de la vente que lui en avait fait le comte Mercy d’Argenteau puisque la commune n’était pas en mesure de procéder à cet achat.

1838– 8 février – un procès-verbal émanant du conseil municipal juge la chapelle en ruine, dangereuse pour la sûreté publique et trop exiguë. Elle doit être démolie et reconstruite sur des bases plus en conformité avec les besoins de la population. Une somme de 5000 francs est votée et le maire est chargé d’effectuer les démarches nécessaires.

1840– 24 février – le conseil municipal renouvelle la demande effectuée deux ans auparavant concernant la réalisation d’une église.  Depuis plus de quarante ans, la commune est privée d’office.

22 mars – le conseil municipal demande l’autorisation d’ouverture d’une carrière dans la forêt communale pour l’édification de l’église. Elle sera exploitée par les habitants du village sous la responsabilité du sieur Victor Ladurel, entrepreneur en bâtiments à Moyeuvre-Grande. Cette carrière est située dans le Fond des Vaux, près de la propriété de la veuve Adam.

26 juillet – la décision de vente de terrains communaux pour subvenir à la construction de l’église est prise en conseil municipal. Les plans du nouveau bâtiment ont été établis pour M. Lang, ingénieur civil, directeur des forges de Moyeuvre-Grande.

1841– 5 novembre – le conseil municipal décide de l’achat de deux cloches pour l’église. L’unique vieille cloche existante était fêlée et donc inutilisable. Une partie de la somme nécessaire sera extraite sur la coupe de bois du quart en réserve. Les trois allées menant au chœur seront pavées avec les pierres tirées de la carrière.

1842- 12 mai – une ordonnance de l’évêque de Metz définit la constitution du Conseil de Fabrique

1er août – la nouvelle église du village est consacrée et les paroissiens entendent le son des deux nouvelles cloches acquises à la fonderie Dosse-Watier à Metz. Leur prix de revient après reprise de l’ancienne cloche est de 1343,15 francs.

1862– 9 février – d’importants travaux communaux sont inaugurés dont la réalisation de trois fontaines-lavoirs

7 décembre – il est procédé à la bénédiction du nouveau cimetière du village, sis à droite de l’église.

 

La France des Républiques

1870-19 juillet – la France déclare la guerre à ‘Allemagne suite à la rivalité franco-allemande relative à la succession d’Espagne.

1882– L’abbé Gustave Marigny officie la bénédiction du chemin de croix composé de grands cadres sombres et austères qui seront remplacés plus tard.

1886– 12 avril – un arrêté du gouverneur général allemand de l’Alsace-Lorraine porte érection de l’église de Moyeuvre Petite en succursale. Elle fait partie de l’archiprêtre de Thionville. Par ailleurs, la commune est érigée en paroisse bien que la fondation du premier Conseil de Fabrique date du 15 mai 1842. Le premier curé résidant au village est nommé et le premier registre des délibérations du Conseil de Fabrique de Moyeuvre-Petite est ouvert.

1er septembre – le clocher de l’église est inauguré. Sa hauteur est de 24,50 mètres. La charpente serait issue de l’ancienne église de Moyeuvre-Grande.

Octobre – il est constitué un Conseil de Fabrique pour paroisse de moins de 5000 âmes. Les couloirs et le chœur de l’église sont carrelés en noir et blanc, les gros pavés initiaux étant jugés trop dangereux.

1890– Cette année-là, le remplacement et la pose de vitraux de l’église sont effectués.

1896-Le Conseil de Fabrique demande que soient installés au toit de l’église un avant-toit et des chéneaux pour pallier à l’humidification des murs.

1898-19 mai – la grotte voulue par le curé Henri Berthol est inaugurée dans le jardin du presbytère. Elle fait face au calvaire de Corbas

1903– le vieux chemin creux du village est aménagé en route.

1908-5 juillet – les trois nouvelles cloches de l’église sont bénies par l’abbé Form. Elles donnent successivement le la, le si et le do dièse. M. et Mme de Wendel sont parrain et marraine de la plus grosse.

1911-Une société de musique baptisée « En Avant » a été fondée en 1911 par Pierre Jacques, l’instituteur du village. Ce n’est qu’en 1919, après la première guerre mondiale qu’elle prend son nom actuel  « La Renaissance ». Parmi les moments forts, on retiendra que les célébrations du 25ème anniversaire ont dû être repoussées suite aux mouvements menés contre le Front Populaire en 1936. Son activité a également été suspendue lors de la Seconde Guerre mondiale.

1922-19 juillet – Le Monument aux « Morts pour la France » est inauguré.

1925-19 avril – le Conseil de Fabrique demande à la Municipalité la construction d’une nouvelle sacristie. Elle sera terminée fin octobre

1927-Afin d’augmenter les capacités d’accueil de l’église, une tribune est construite dans l’église.

1931-La restauration totale de l’église est entreprise

1939-Du début du second conflit mondial jusqu’en 1945, la commune paiera un lourd tribut à la guerre et à l’occupation car la population sera expulsée puis en partie décimée. Il faut noter que la Ferme de Corbas servira de relais pour le passage de la frontière à de nombreux évadés et de point d’appui de la Résistance.

La commune compte 487 habitants pour 130 ménages et 105 maisons.

1940- les communes de Moyeuvre Petite et Rosselange sont rattachées à Gross-Mövern (Moyeuvre Grande) dirigées par un maire « Bürgemeister » et deviennent des quartiers dépendants sous la coupe d’un Zellenleiter ou chef de quartier.

16 juin – le village est occupé par les troupes allemandes. La frontière d’avant 1918 est rétablie.

29 août – les expulsions s’intensifient (34 personnes) et se poursuivent jusqu’en novembre 1940.

16 septembre – les expulsions continuent dont l’abbé Georges Martin, curé de Moyeuvre Petite qui rejoint Lyon. Il sera suivi par 62 familles soit 186 paroissiens au cours des mois suivants.

1942-19 octobre – les incorporations de force dans l’armée allemande débutent

1943-24 janvier – le maître d’école, Charles Toussaint, avec sa famille et 16 autres ménages de la localité (52 personnes) sont exilés vers le pays des Sudètes (partie du territoire nord-est de la Bohême en Allemagne) au titre de P.R.O. (Patriotes Résistants à l’Occupant).

La ferme de Corbas abritera jusqu’à la libération en septembre 1944 plus de 10 membres clandestins : prisonniers de guerre, Français, Russes ou Lorrains évadés de la Wehrmacht ou résistants. De même, en 1942 et 1943 Moyeuvre Petite eut le privilège d’abriter dans ses murs les deux têtes de la résistance : Jean Burger, chef du groupe « Mario » et Joseph Derhan, chef du groupe portant son nom. 5 ressortissants de Moyeuvre Petite seront condamnés à mort pour faits de résistance et transférés en Allemagne afin d’y être jugés et exécutés mais l’arrivée des troupes américaines le 14 avril 1945 empêcheront les sentences d’aboutir.

12 octobre – des résistants (13 hommes et 1 femme) sont arrêtés et déportés dans les camps de concentration.

1944– 1er septembre – la libération du village a lieu dans la nuit du jeudi 31 août au vendredi 1er septembre.

1945- 8 mai – A cette date débute le lent rapatriement des expulsés dont une famille revenant d’Odessa en Russie via Paris. Une dizaine de collaborateurs du village seront sanctionnés.

Moyeuvre Petite aura payé un lourd tribut lors de cette guerre, car 80% des ménages ont été touchés. Ainsi 14 habitants, membres du mouvement de résistance auront été arrêtés, incarcérés au Fort de Queuleu près de Metz mais aussi dans divers camps et prisons d’Allemagne.

1955-Les six vitraux de l’église exposés au midi et qui avaient souffert lors du bombardement par des avions allemands le 10 mai 1940 sont remplacés.

12 septembre : l’évêché procède au rattachement paroissial du quartier du Moulin de la Frapouille à l’église de Moyeuvre Petite, plus proches des fidèles.

1968–  1er décembre : début des travaux sur le site minier de Pérotin.

1969– 1er décembre – mise en service du carreau de Pérotin et de la descenderie pour le personnel et le matériel d’une longueur de 200 mètres à 12% de pente.

1982– L’autel et le retable en chêne sculpté de la chapelle italienne de Moyeuvre Grande sont transférés dans le chœur de l’église paroissiale de Moyeuvre Petite. Ils sont l’œuvre des ateliers STUFLESSER AU Tyrol (Autriche).

1993– 31 décembre – arrêt de l’exploitation minière

1995– 31 juillet – fermeture de la mine après démantèlement des installations du fond.

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